5 Décembre 2013
Autrefois, il y a de cela plusieurs siècles, au cœur de l'Alsace du nord vivait Jean de Trapp, un seigneur riche et puissant, en son château de Berwartstein. Débauché, assoiffé de pouvoir, violent, on le disait avoir pactisé avec Satan. Il n’avait de cesse que de s’en prendre à la ville de Wissembourg et à son abbaye, dont il avait réussi à s’emparer des richesses. L'impie fut sur le champ excommunié par le pape de l'époque. La population entière du pays le rejeta. Repoussé de toute part, et exclu du pays, il s'isola alors au sommet du Geisberg, aux portes de Wissembourg, trouvant gîte près de quelqu’étable ou grange ou dans les grottes des Vosges voisines.
Sa rancœur fut immense et, ruminant de terribles vengeances, il se jeta encore avec plus d’ardeur dans le satanisme, au point de rêver de chair fraîche…. Il lui vint peu à peu une incontrôlable obsession de mordre à pleines dents dans un bras, une jambe, un dos ou une cuisse humaine!...
A quelque temps de là il aperçut, non loin de la grotte où il séjournait alors, un jeune berger d'une dizaine d'années. L'horrible bonhomme se mit à baver à la vue de cette chair tendre et délicieuse. Il s'approcha sans bruit du pâtre, le transperça de sa rapière et le traîna sa dépouille jusqu'à son gîte sous un orage apocalyptique. Il le découpa en morceaux et se mit à les faire rôtir.
Mais Dieu lui-même, qui ne pouvait rester insensible devant cette abomination, foudroya d’un geste d’un éclair vengeur le monstre cannibale et le transforma en épouvantail qui désormais hanterait nuitamment les forêts sombres et profondes des Vosges du nord à la recherche de quelque proie humaines dont l’âme ne serait pat tout à fait immaculée et qui ourdirait à la tombée de la nuit quelque mauvais coup…
Prenez garde à vous, manants et chenapans, qui ourdissez quelque complot ou larcin, de ne pas tomber au détour d’un chemin creux, la nuit sur l’épouvantable épouvantail… Vous ne vous en sortiriez pas vivant ! Mais attentions à vous aussi, innocents et purs ! Ne vous promenez jamais seuls, la nuit, dans les monts alentours, car le légendaire Hans-Trapp adore la chair fraîche et tendre !